samedi 13 juillet 2013

Chien du Heaume, Justine Niogret. Le féminisme en Fantasy

Eileen picolant joyeusement dans les bucoliques vignes alsaciennes en tendre compagnie, me voilà donc avec les clés du Castel et sa plage de publication du samedi. Et ça tombe bien, parce que j’avais grande envie d’aborder un sujet qui me tient à coeur : la place réservée aux femmes dans la littérature fantastique et de fantasy, et pourquoi cet épineux sujet me fait aimer Justine Niogret d’amour.

Il faut bien vous dire d’abord que ce sujet n’est pas circonscrit aux littératures de l’imaginaire, et que des rôles de décorative bredine, la littérature nous en a réservé plus que notre content. Je me souviens d’ailleurs avoir déséspéré, en cinquième, de ne pas pouvoir jouer Cyrano et de devoir me contenter de la palôtte Roxanne (alors que j’ai appris des années plus tard que Sarah Bernhardt, en 1900, jouait les rôles de mec, et s’en portait très bien).
Sarah Bernhardt s'interroge : à quand un rôle de nana un peu couillu ?

En littératures de l’imaginaire, pendant un bon bout de temps, ça a été un peu pareil. Parlez-moi d’un personnage féminin fort dans Elric, le Seigneur des Anneaux, chez King ou chez Philipp K. Dick : inexistants, hein ?

Sur ces entrefaites, les années 70 ont débarqué, et la fumée de soutien-gorge brûlés associée aux statistiques qui montraient la féminisation de la lecture ainsi qu’à l'arrivée des premières auteures de fantasy ont changé les choses peu à peu. On a vu apparaître quelques personnages féminins agissants : Ténébreuse de Marion Zimmer Bradley,  l’oeuvre d’Ursula K. Le Guin, ou, plus récemment La Symphonie des Siècles (Symphony of ages) d’Elisabeth Aydon, ont rétabli un certain équilibre.
Marion Zimmer Bradley : parce qu'on peut être verte et intelligente
Récemment, Urban Fantasy et Bit Lit sont venus ajouter de nombreux personnages principaux féminins à la liste. Enfin, pas tant que ça. Ces dames se battent, c’est sûr. Elles sont même très douées, ont des professions d’aventurières et des vies dangereuses. Mais (et c’est un énoorme mais) elles ont surtout des peines de coeur (et de cul) extrêmement formatées, quasi-similaires, et souvent odieusement conservatrices.

On prendra pour exemple le rôle de l’héroïne dans la série Twillight, les aventures des Soeurs de la Lune de Jasmine Galenorn, les Merry Gentry et Anita Blake de Laurell K. Hamilton, Vicky Nelson de Tanya Huff …
L'épitomé de la bit lit avec vampires à paillettes

Et du coup, j’admet une certaine lassitude : je cherche franchement des titres où le personnage féminin est complexe, actif, raisonné, et n’est pas uniquement résumé au désir qu’il éprouve pour un vampire/loup-garou/zombie/extraterrestre/mec dangereux.

Du coup, et venons-en au sujet de cet article, j’aime Justine Niogret, et j’aime Chien du Heaume.
Chien du Heaume n’est pas qu’une femme, c’est avant tout un très bon guerrier, qui doit survivre dans un Moyen-Âge digne de la Matière de Bretagne, avec Seigneurs, créatures Monstreuses, développement de la religion catholique et tutti.


Chien du Heaume n’a pas d’histoire d’amour dégoulinante de romantisme, elle a sa hache, sa faim de savoir d’où elle vient, et ses éventuels compagnons d’armes.
Son histoire est une histoire d’humanité et de loyauté, racontée dans la langue superbe et percutante de Justine Niogret, pleine de violence, de fougue, et de nostalgie.
Ce premier roman a été couvert de prix (Grand Prix de l’Imaginaire, Prix des Imaginales...), et mérite vraiment lecture.
De mon côté, dithyrambique et convaincue, je suis avec attention la suite de la carrière de la dame.

Chien du Heaume / Justine Niogret, J'ai Lu, 5,90 €

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