Combien de fois ne s’est-on pas penché sur Alice, son lapin blanc, son chapelier, ses aventures dans le pays des merveilles ?
Nombreuses sont les oeuvres a avoir repris tous ces éléments,sans oublier
la figure fascinante et sulfureuse de son auteur, Lewis Caroll, figure elle
aussi digne de roman.
De cette matière fabuleuse de nombreuses relectures ont été tentées, et
c’est d’une énième adaptation, mais bien plus étrange, multiple et déjantée,
qu’il s’agit ici.
Dans une Angleterre cauchemardesque, pétrie de vieux principes, érigeant
fanatiquement le savoir en divinité ultime, Charles Dogson enseigne les
mathématiques, n’écrit pas de contes pour enfants, et ne se fait pas appeler
Lewis Caroll. Sa seule source de joie, la photographie de petites filles, lui
porte vite malheur. Contraint de s’embarquer pour l’Île de Novascholastica,
terre de mission pour les vaillants enseignants de l’Educaume d’Angleterre,
Charles Dogson va aller de mésaventure en mésaventure, et rencontrer notamment,
dans un univers déjanté plein de clins d’oeils à Alice, une étonnante petite
fille fantôme. Dans leurs pérégrinations au goût de mort et d’onirisme les
accompagneront un moustique géant et divin, un Ecossais possédé par un aimable
cerf peureux, et un chien de chiffon des plus sympathiques.
N’ayant pour l’instant pas lu d’autres oeuvres de Jérôme Noirez (même si
Fantasy pour les Ténèbres me tente depuis bien longtemps), il m’est difficile
de me rendre compte si le roman est représentatif du reste de sa production.
Néanmoins, je dirais que ce qui fait la réussite de ce livre, c’est
l’imagination de Noirez, nourrie d’une grande culture, et surtout complétée par
une tournure d’esprit des plus déjantées. De son habile cerveau d’écrivain
sortent maints concepts bizarres, drôles ou dérangeants, qui transforment son
roman en vaste expérience foutraque, habilement contrôlée par son auteur. C’est
un plaisir, n’ayez aucun doute, mais un plaisir inhabituel pour lequel mieux
vaut s’accrocher. A réserver sans doute aux lecteurs qui ne laisseront pas
effrayer par ces grands élans de fantaisie débridée et onirique.
Leçons du monde fluctuant, Jérôme Noirez. J'ai lu, 2010, 7,20 €
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