Doctor Who, c’est la quintessence de
la folie britannique : il s’agit de la série de
science-fiction ayant le plus d’épisodes à ce jour et elle va
bientôt fêter le cinquantième anniversaire de sa toute première
diffusion. Autant dire que c’est un véritable monument. La
prochaine fois que vous irez vous promener de l’autre côté de la
Manche, regardez bien autour de vous : vous allez vous mettre à
voir des tournevis soniques, des TARDIS et des Daleks un peu partout…
Mon conseil, c’est vraiment de faire
l’effort de regarder la série en version originale (je suis sympa,
vous avez droit aux sous-titres). Pour changer de toutes les séries
américaines qui nous inondent depuis des années, vous allez
entendre des acteurs qui parlent avec l’accent anglais… Ou
écossais, ou gallois ou que sais-je encore ! Le Docteur
rencontre des gens de toutes sortes d’origines et statuts sociaux
et franchement c’est étonnant quand on en entend parler certains
pour la première fois… Mais on s’habitue vite et c’est
vraiment un plaisir que de découvrir toute cette diversité
d’accents.
2. Vous allez adorer les différentes incarnations du Docteur
Le Docteur, donc, est un
extra-terrestre, un Seigneur du Temps qui se promène dans le temps
et l’espace à bord de son TARDIS (Time And Relative Dimensions in
Space), un vaisseau camouflé sous l’apparence d’une sorte de
cabine téléphonique bleue. Comme il tend à devenir à
demi-psychopathe quand il reste trop longtemps tout seul, il récupère
des compagnons (enfin, des compagnes surtout) à qui il fait
découvrir la galaxie et qui nous permettent de découvrir l’univers
au travers de leurs yeux.
Mais, de temps en temps, l’enveloppe
charnelle du Docteur se détériore et il doit se régénérer, ce
qui permet de changer d’acteur au bout de quelques saisons (ce qui
est l’une des raisons de la longévité de la série). La nouvelle
série (celle dont nous parlons ici, qui a été reprise en 2005)
commence avec le 9ème Docteur et nous en sommes à
présent à sa onzième incarnation (jusqu’ici, le Docteur a
toujours été un homme, mais il n’a jamais été roux, à son
grand désespoir). Le douzième Docteur est annoncé pour cet hiver…
Chaque incarnation a sa propre
personnalité, sa phrase fétiche, et souvent son compagnon de
prédilection. Dans la série de 2005, vous allez pouvoir rencontrer
Nine (Christopher Eccleston, parfois boudé car il n’est resté
qu’une saison et a été desservi par quelques scénarios pas
terribles), Ten (David Tennant, qui a beaucoup marqué les esprits)
et Eleven (Matt Smith, qui a apporté un regard plus enfantin et
beaucoup d’humour à la série). Du coup, vous allez pouvoir tomber
en amour avec le Docteur encore et encore… Et vous battre avec les
autres fans pour défendre votre incarnation préférée !
3. Vous allez vous balader dans l'espace et le temps
Toute l’idée de la série est donc
d’explorer l’espace et le temps avec le Docteur et ses
compagnons. Apparemment, la série originale proposait plus
d’épisodes historiques, rendant visite à de grandes figures de
l’histoire terrienne et abusant des costumes d’époque. C’est
moins le cas dans la nouvelle série. Certes, on pourra se promener
dans les rues de Pompéi, partir rencontrer Dickens, Van Gogh ou
Agatha Christie, mais le plus souvent la série fait honneur à la
catégorie « science-fiction » en nous emmenant à
l’autre bout de l’univers ou en nous proposant d’observer la
mort de notre chère planète…
Mais, passé ou futur, Terre ou confins
de la Galaxie, quelque soit le choix des scénaristes, le dépaysement
est toujours assuré !
4. Vous allez avoir la frousse
Ce parti pris de la science-fiction
permet aux auteurs d’introduire toutes sortes de monstres. Et il
faut avouer que l’une des premières missions de Doctor Who, c’est
de faire peur aux enfants. (Oui, oui, c’est une série de
science-fiction familiale ! Tous les petits britanniques ont des
fournitures scolaires à l’effigie du Docteur !)
Certains sont des ennemis historiques
du Docteur, datant des premières saisons diffusées dans les années
1960… Et sont donc souvent assez ridicules. Mais les nouveaux
scénaristes ne sont pas en reste et, ces dernières années, ont
fait preuve d’une surenchère d’inventivité pour nous faire
peur.
Mentionnons en particulier le Silence
(des extra-terrestres dont on oublie la présence dès qu’ils
sortent de notre champ de vision… donc il pourrait y en avoir un
juste derrière vous en ce moment sans que vous ne vous en
doutiez!), les Vashta Nerada (des nuées d’organismes
microscopiques qui semblent n’être qu’une ombre sur le sol…
mais qui vous dévorent si vous marchez dessus) ou, mes préférées,
the Weeping Angels (des statues d’anges qui avancent vers vous pour
vous attaquer si vous les quittez des yeux, d’où la fameuse phrase
du Docteur nous mettant en garde : « Don’t blink. Don’t
even blink. Blink and you’re dead. » - Ne clignez pas des
yeux, si vous clignez, vous êtes morts).
Certes, dit comme ça, c’est un peu
ridicule. Mais ces monstres étonnants sont servis par la qualité
des réalisateurs, des acteurs, et surtout du storytelling.
5. Vous allez être pris par l'histoire
Il faut dire ce qui est, les premières
saisons sont à tout le moins inégales. Le
showrunner
Russell T. Davies qui a officié de la saison 1 à la saison 4 a
certainement dû faire avec les moyens du bord et ça se sent :
effets spéciaux à la Star Trek, monstres peu crédibles et
relativement peu d’unité sur l’ensemble de la saison.
Mais, dès le début, certains épisodes
se distinguent clairement des autres, démontrant une maîtrise
scénaristique redoutable, introduisant des personnages fantastiques
et constituant tout simplement quelques uns des meilleurs morceaux de
télévision jamais produits. Un indice : si vous voyez le nom
de Steven Moffat au générique, vous pouvez accrocher vos ceintures…
Il a notamment écrit l’épisode «
Blink »
(avec les Weeping Angels dont nous parlions plus haut), qui est
l’épisode préféré de nombreux fans et a reçu plusieurs prix.
Il est assez singulier car on y voit en fait assez peu le Docteur et
toute l’histoire se déroule au travers d’un personnage extérieur
interprété par (la merveilleuse) Carey Mulligan. C’est cet
épisode en particulier que je recommande à ceux qui n’ont jamais
vu de Doctor Who : c’est un stand-alone qui fonctionne très
bien même sans connaître la série (si vous voulez le chercher sur
Internet, il s’agit du 10
ème épisode de la saison 3).
A partir de la saison 5, Steven Moffat
prend les commandes de la série et la qualité moyenne des épisodes
augmente drastiquement. Les saisons s’articulent désormais autour
d’un mystère posé dans le première épisode et résolu dans le
season final ; l’arc narratif global s’avère complexe et
est minutieusement déployé tout au long de la saison. Si certains
regrettent qu’on ne puisse plus regarder un épisode de temps en
temps sans trop perdre le fil de l’histoire, ce nouveau type de
narration en enthousiasme beaucoup d’autres (dont je fais bien sûr
partie).
Une autre possible porte d’entrée
pour les nouveaux venus est justement
le
1er épisode de cette saison 5, qui introduit la 11
ème
incarnation du docteur et son nouveau compagnon… C’est un petit
bijou de mise en scène et de comédie : vous m’en direz des
nouvelles.
6. Vous allez profiter des bienfaits de l'humour anglais
Car à mes yeux, Doctor Who, bien plus
qu’une série de science-fiction, est avant tout une très belle
démonstration de l’humour anglais. Après tout c’est l’histoire
d’un extra-terrestre de 900 ans qui se balade dans une cabine
téléphonique bleue !
Mais une image vaut mieux que mille
mot, n’est-il-pas ? Alors voici quelques exemples…
7. Vous n'allez plus pouvoir vous arrêter
Ai-je réussi à vous convaincre ?
Êtes-vous prêts à vous lancer dans l’aventure de Doctor Who ?
Après tout, si vous commencez maintenant, vous devriez pouvoir être
à jour pour la diffusion du prochain épisode, prévu pour le 23
novembre 2013 et qui célèbrera le 50ème anniversaire de
la série…
Pourtant, avant toute chose, il me faut
vous prévenir : il est possible que vous ne vous remettiez
jamais de votre première rencontre avec le Docteur. C’est le cas
de milliers de fans, réunis au sein d’un fandom « whovien »
très dense avec
ses
magazines,
ses
cosplayers, et ses milliers de
gifs
animés …
Mais sachez aussi que la série
actuelle est aussi un bon point d’entrée pour découvrir la
culture télévisuelle anglaise. En premier lieu, quand vous aurez
fini de dévorer ses 7 saisons, vous pourrez vous attaquer
aux
26 saisons (!!!) de la série originelle. Dans la foulée,
lancez-bous aussi sur le spin-off
Torchwood
pour compléter vos connaissances whoviennes. (Certains argueront que
la qualité n’est pas toujours au rendez-vous dans Torchwood. Je
n’aurais qu’une chose à rétorquer :
John
Barrowman. Bref.)
En s’éloignant un peu du Docteur, si
vous avez aimé les qualités de conteur de Steven Moffat, vous
pourrez vous attaquer à une autre série dont il est le
co-créateur :
Sherlock
(celle-ci devrait vous prendre moins de temps : il n’y a pour
l’instant que deux -fabuleuses- saisons de 3 épisodes…). Le
dixième Docteur vous a particulièrement plu ? Retrouvez David
Tennant dans la toute nouvelle série
Broadchurch.
Les épisodes en costume vous ont charmé ? Il va vous falloir
regarder
Downton
Abbey et
Parade’s
End.
Au final, vous devriez être
suffisamment mordu pour n’avoir plus qu’une envie : émigrer
à Londres au plus vite…